Newsletter Novembre-Décembre 2024

Le mot des présidentes

Le Téléthon nous a émus en novembre, et les fêtes de fin d’année approchent, une période propice au partage et à la solidarité. Pour cette édition, nous mettons en avant ceux qui font la différence.

Thibaut Rigaudeau, médaillé d’argent aux Jeux Paralympiques, nous raconte son parcours marqué par le dépassement de soi et une soif insatiable de liberté. Une histoire qui inspire.

Patricia Lejeune, Adjointe au maire de La Roche-sur-Yon, s’engage chaque jour pour rendre sa ville plus inclusive et accessible à tous. Son dévouement est crucial.

Matys Vrignon, jeune joueur du club de La Roche VF, incarne la passion et la détermination. Son parcours illustre que chaque étape est une victoire en soi.

Cette période est également celle du Téléthon. Chaque geste, chaque don compte pour soutenir la recherche et les familles touchées. Ensemble, faisons de cette fin d’année un véritable moment de solidarité.

À très bientôt pour partager ces belles histoires avec vous !

Hélène et Clarisse

Thibaut Rigaudeau : De la Vendée à l’Argent Paralympique, une Histoire de Dépassement et de Liberté

Présentez-vous 

Je m’appelle Thibaut Rigaudeau, j’ai 34 ans, et je suis sportif de haut niveau en  paratriathlon. Avec mon guide Cyril Viennot, nous avons décroché la médaille d’argent aux  Jeux Paralympiques de Paris 2024. En 2023, nous avions déjà remporté les championnats  d’Europe et du monde. 

Revenons un peu en arrière. Vous avez été diagnostiqué avec  une rétinite pigmentaire à l’âge de 8 ans. Comment ce diagnostic a-t-il influencé votre  relation avec le sport ? 

À l’époque, ce diagnostic n’a pas changé mon attrait pour le sport. J’ai  toujours été très actif, jouant au football depuis tout petit. Au début, la seule différence était  que je portais des lunettes avec des verres épais, puis j’ai adopté des lentilles pour plus de  confort. Ce n’est qu’à mes 20 ans que ma vue a commencé à diminuer, m’obligeant à ajuster  mes pratiques sportives. J’ai d’abord basculé vers le futsal à cause des terrains plus petits, puis  vers le cécifoot en 2011, avant de finalement me lancer dans le triathlon en 2018. 

Pourquoi le triathlon ? Qu’est-ce qui vous a attiré vers cette discipline ?

En 2014, je me suis rompu les ligaments croisés et, en 2015, après une tentative de retour au  cécifoot, mes genoux ne suivaient plus. Je cherchais un sport moins traumatisant pour mes  articulations. J’ai découvert le triathlon en regardant la télé, notamment grâce à Pierre Le  Corre, qui est aussi passé par La Roche-sur-Yon. Cette discipline m’a tout de suite plu : c’était complet, varié, et ludique. Quand j’ai commencé en 2018, je rêvais déjà des Jeux de  Paris 2024, même si cela semblait très ambitieux à l’époque. 

Six ans plus tard, vous êtes vice-champion paralympique ! Comment expliquez-vous cette ascension rapide ?
Le paratriathlon, à mes débuts, comptait moins de compétiteurs qu’aujourd’hui, ce qui m’a permis de progresser rapidement. Grâce au cécifoot, j’avais déjà une bonne endurance, et étonnamment, je n’étais pas mauvais en natation, ce qui est souvent le point faible des triathlètes débutants. Mon premier podium en Coupe du Monde, au Canada en 2019, a confirmé mon potentiel.

Comment le paratriathlon a-t-il influencé votre quotidien et votre handicap ?
Pour moi, le sport est avant tout un moyen d’extérioriser mes difficultés et de me dépasser. Avec le paratriathlon, j’ai découvert un sentiment de liberté, notamment grâce à mon guide. Cette discipline m’a permis de voir que j’avais des capacités physiques au-delà de la moyenne, ce qui m’a motivé à en faire mon métier. Bien sûr, mon handicap nécessite des adaptations constantes, mais cela me pousse à être créatif et organisé.

Revenons aux Jeux Paralympiques de Paris 2024. Quels souvenirs marquants en gardez-vous ?
Le moment le plus fort reste après la course, lorsque j’ai retrouvé ma famille et mes amis pour célébrer ensemble. Il y avait une ambiance incroyable, que ce soit sur le parcours ou au Club France. Une anecdote marquante : les supporters vendéens présents ont mis une ambiance de folie, chantant même mon nom ! C’était magique.

Votre relation avec Cyril Viennot semble particulière. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Oui, Cyril est bien plus qu’un guide. Depuis notre première course ensemble en 2019, nous sommes devenus amis proches. Nous partons même en vacances ensemble ! Malheureusement, il prend sa retraite sportive en 2025, mais il restera mon coach, ce qui nous permettra de poursuivre cette belle aventure sous une autre forme.

Quels sont vos objectifs pour l’avenir ?
2025 sera une année de transition, avec un nouveau guide à former. Mon objectif à moyen terme est de préparer les Jeux de Los Angeles 2028, où j’espère faire aussi bien, voire mieux qu’à Paris.

Les Jeux Paralympiques ont-ils changé le regard sur le handicap en France ?
Je pense que oui. Les Jeux ont montré que, malgré nos différences, nous sommes capables d’accomplir des exploits impressionnants. Cela a permis de banaliser un peu le handicap et d’ouvrir les mentalités. J’espère que cela continuera dans ce sens.

Enfin, en tant que Vendéen, quel est votre regard sur les initiatives locales pour l’inclusion des personnes handicapées ?
Je trouve qu’il y a de plus en plus d’initiatives, notamment dans le football. Par exemple, je collabore avec l’ESO La Roche-sur-Yon et le district de Vendée pour former des jeunes en service civique à l’adaptation des pratiques sportives. Ces efforts d’inclusion permettent de briser les barrières et d’enrichir la vie des clubs

Patricia Lejeune : L’Inclusion au Cœur des Actions de La Roche-sur-Yon

Pouvez-vous vous présenter et expliquer votre rôle au sein de la municipalité ?

Je suis Patricia Lejeune, adjointe au maire de La Roche-sur-Yon, déléguée au handicap, à l’accessibilité et à l’inclusion. Depuis ce second mandat, j’ai été nommée pour  porter ces thématiques. C’est une volonté forte de M. le maire, Luc Bouard, et de la  municipalité de promouvoir l’accessibilité, la prise en compte des personnes en situation de  handicap, et de développer des actions concrètes dans ces domaines. Je suis également la  seule adjointe en Vendée dédiée spécifiquement au handicap, et je travaille avec un chargé de  mission à l’accessibilité pour concrétiser ces projets. 

Quelles sont les principales actions menées par la ville pour améliorer l’accessibilité  des personnes en situation de handicap ? 

Nous avons investi dans des infrastructures accessibles, notamment le  complexe aquatique de la ville, qui dispose de dispositifs adaptés comme une salle de change  et des équipements spécifiques pour accueillir les personnes en situation de handicap dans  d’excellentes conditions. Par ailleurs, nous soutenons des compétitions sportives inclusives,  telles que des rencontres régionales et internationales en handi-natation ou en handi-tennis. 

Comment la municipalité accompagne-t-elle les associations locales qui soutiennent  les personnes en situation de handicap ? 

Nous travaillons en étroite collaboration avec les associations sportives et  sociales pour sensibiliser le public et développer des initiatives inclusives. Par exemple, nous  organisons chaque année des événements comme les « Jeux para-sport » destinés aux élèves  des écoles de la ville. Cette année, en raison de l’année olympique et paralympique, nous  avons consacré une semaine entière à ces activités pour mettre en avant les sports adaptés et  sensibiliser les enfants. 

 

Selon vous, quelles sont les principales difficultés rencontrées par les personnes en  situation de handicap au quotidien, notamment dans le sport ? 

La première difficulté, c’est souvent le manque de communication et de  sensibilisation. Beaucoup de personnes en situation de handicap pensent qu’elles ne peuvent  rien faire ou que peu de sports leur sont accessibles. Pourtant, avec la volonté des associations  et des clubs, il existe des possibilités incroyables. Par exemple, nous avons des sportifs  comme Pierre Rabine, nageur de haut niveau, qui, bien qu’il n’ait pas été retenu cette année  pour les Jeux paralympiques, continue de performer et espère être sélectionné la prochaine  fois. Ce genre d’exemple montre que tout est possible avec du soutien et de la détermination. 

Comment sensibilise-t-on le public pour améliorer l’inclusion ?

Nous commençons par les plus jeunes. Nos « Jeux para-sport » permettent  de sensibiliser les élèves dès leur scolarité. Ils découvrent et expérimentent des sports adaptés  ou handisport, ce qui change leur regard sur le handicap. À travers ces initiatives, nous  espérons que ces enfants deviendront des adultes plus ouverts et inclusifs. 

Et concernant le Téléthon, comment peut-il mieux mettre en lumière les enjeux liés  au handicap ? 

Cette année, l’édition du Téléthon a connu une redynamisation avec pour  objectif l’année prochaine d’impliquer plus de clubs sportifs et de partenaires. Le sport a un  grand pouvoir d’attraction et de sensibilisation, c’est pourquoi nous voulons lui donner une  place centrale dans nos prochaines éditions.

Selon vous, quel serait l’objectif ultime pour faire de La Roche-sur-Yon une ville  pleinement inclusive ? 

Nous sommes déjà sur la bonne voie. Nos infrastructures sportives sont  accessibles à tous, et nous accueillons régulièrement des compétitions de haut niveau en  handi-natation, en handi-tennis ou en foot fauteuil. Ces événements montrent que nous  pouvons aller encore plus loin. L’idée est de continuer à développer des activités inclusives et  de donner envie à d’autres de nous rejoindre. 

Avez-vous un exemple ou une anecdote qui vous a particulièrement marquée dans  votre mandat ? 

Oui, une expérience m’a beaucoup touchée : lors d’une séance de foot  salle, un enfant est arrivé avec un déambulateur. Je me suis demandé comment il allait faire  pour jouer. Mais il a vite laissé son déambulateur de côté, a suivi le ballon et retrouvé son équilibre. Voir sa joie et la fierté de sa maman m’a émue aux larmes. Un autre exemple  marquant est celui d’un enfant équipé de lames en titane, qui a pu découvrir des activités  comme l’athlétisme et le foot. Ces moments rappellent pourquoi ce travail est si important. 

Qu’est-ce qui vous a poussé à vous engager dans ce domaine ?

C’est avant tout une volonté de notre maire de placer l’accessibilité et le  handicap au cœur des priorités. Être nommée pour ce poste m’a donné les moyens de mener  des actions concrètes. Ce qui me motive, c’est de voir les résultats de nos efforts : permettre à  tous, et en particulier aux enfants, de vivre leur passion sportive malgré les obstacles. 

Dans les pas de Matys Vrignon, entre passion et défis

Matys Vrignon, passionné de football depuis l’enfance, a débuté sur les terrains à l’âge de 5  ans à Jard-sur-Mer. Après un passage aux Sables-d’Olonne en U13, il a intégré La Roche VF  à 13 ans, où il a gravi les échelons des catégories jeunes pour finalement rejoindre l’équipe  première. Aujourd’hui, il cumule quatre années au sein du groupe senior, incarnant la  progression d’un joueur déterminé à repousser ses limites. 

Actuellement en National 2 après deux saisons en N3, Matys est conscient des exigences de  ce niveau : « Plus le niveau monte, plus tout va plus vite, avec une intensité accrue. Ce sont  des défis vraiment enrichissants. » Il puise son inspiration chez Karim Benzema, son idole de  toujours : « J’ai toujours admiré sa persévérance et son style de jeu, ainsi que le travail qu’il a  accompli pour s’imposer au sommet. » 

Une Coupe de France marquée par la détermination 

Engagé dans la prestigieuse Coupe de France avec son équipe, Matys garde en mémoire le  dernier tour comme un moment fort : « On a su imposer notre jeu rapidement face à une  équipe inférieure, sans jamais relâcher l’intensité. » Ces matchs à élimination directe apportent une excitation particulière : « Ce sont des rencontres où il faut être concentré, mais  c’est très motivant de se surpasser. » 

S’il ne partage pas d’anecdote particulière, il ne cache pas ses ambitions pour cette  compétition : atteindre les 16eme de finale et prolonger cette aventure collective. 

Une préparation axée sur le dépassement de soi 

À l’approche du 9e tour, l’état d’esprit dans le vestiaire est tourné vers l’objectif commun : se  qualifier. « Chacun connaît son rôle. Il faudra que tout le monde hausse son niveau de jeu  pour espérer rivaliser avec une équipe de niveau supérieur. » Matys voit ce match comme une  opportunité excitante : « Nous affrontons une très belle équipe, mais nous venons pour nous  qualifier. » 

Sans céder à la pression, il mise sur le respect du plan de jeu : « C’est en jouant comme à  notre habitude que nous pourrons les mettre en difficulté. La clé sera d’être vigilant, de  minimiser les erreurs, et de ne pas leur laisser de confort dans le jeu. » 

Matys Vrignon incarne l’engagement et la passion de La Roche VF. À travers son parcours et  son mental, il est un exemple d’abnégation pour ses coéquipiers et un atout précieux pour son  club. Les supporters attendent avec impatience de voir leur équipe briller lors de ce 8e tour.